La lettre de l'ANRT


Au sommaire de la lettre n°35 | janvier - février 2024

- Editorial -

La recherche publique, une assurance santé pour les entreprises. Posologie : abusez des Cifre !

Clarisse Angelier, ANRT

La recherche est indispensable à la pérennité des entreprises et tout particulièrement dans le cadre d'une collaboration avec les chercheurs académiques. Pas de futur sans R&D. Les comparaisons internationales montrent clairement que la santé industrielle est bien meilleure dans les pays qui soignent leur recherche fondamentale et son transfert vers le développement et l'innovation privés. L'actuel déficit de la balance commerciale à 99 Md€ qualifie sans commentaire le caractère impérieux d'innover et de produire localement.

En France nous devons travailler encore et encore cette relation public/privé. Le Comité Richelieu constate dans sa dernière étude qu'entre 20 et 30 % de PME technologiques  ne font pas de coopération de recherche. C'est beaucoup trop. Et chaque jour, nous constatons les rugosités qu'occasionnent les contrats de collaboration davantage par manque de véritable dialogue dès les premiers échanges.

Pourtant cette collaboration de recherche est tellement bénéfique.  Je recommande d'abuser des Cifre, car elles sont aussi très profitables aux entreprises.  Nos dernières enquêtes le démontrent une fois de plus : 95% des entreprises envisagent de recontracter une Cifre dans les cinq ans (85% dans les deux ans), recherchant un appui scientifique de la partie académique pour traiter un sujet le plus souvent exploratoire.

Cette boucle vertueuse prend sa source dans l'émergence de nouveaux sujets au cours des travaux. Les résultats sont au rendez-vous, en termes de prototypes, de nouveaux produits ou services, de nouveaux champs de compétences, de ruptures technologiques (17 % tout de même !) … Mais il faut souligner deux points remarquables vus de l'entreprise : pour 30%, la Cifre conduit à développer ou créer un service de R&D et, pour 20%, une communication scientifique. On voit donc que l'entreprise entre dans une dynamique de développement de la R&D et s'approprie le potentiel que produit une publication pour capter des marchés ou des investisseurs.

Notre mission à tous est donc, d'une part de convaincre les entreprises encore frileuses de s'acculturer à la recherche. Il nous revient de les y amener, de leur donner confiance. D'autre part, nous devons soigner, là aussi tous ensemble, la construction de cette relation. Entreprises et laboratoires ont encore un peu de chemin à faire pour que la coopération, ce compagnonnage, repose sur une entente bien assumée. Chacun a besoin de l'autre car il lui apporte ce qu'il n'a pas.


- L'entretien -

Alice & Bob, Le futur quantique est made in France

Propos recueillis par Matteo Tonelli

Alice & Bob est l'une des pépites internationales du calcul quantique. Lauréate de l'EIC Accelerator et soutenue par le programme France2030, cette deeptech, fleuron de la recherche française, a récemment levé 30 millions d'Euros afin de réaliser le premier ordinateur quantique universel, tolérant aux fautes. Entretien avec son PDG et co-fondateur, Théau Péronnin.

Alice&Bob a été fondée en 2020. Aujourd'hui vous comptez déjà 80 collaborateurs et vous avez un siège à Paris et à Boston. Quelle a été la genèse de ce projet ? Est-ce que vous vous attendiez à une telle croissance ?    

Théau Peronnin : Effectivement c'est allé très vite, mais c'est nécessaire au vu de l'ampleur de la tâche que nous nous sommes fixée comme objectif. Construire un ordinateur quantique est une aventure technologique au moins aussi complexe que pouvait l'être la course à l'espace ou la course à l'atome en leur temps. Pour lancer une start-up, on peut avoir les bonnes idées à quatre ou cinq dans un garage, mais si l'on veut construire une telle machine il faut des dizaines, voire plutôt des centaines d'ingénieurs et de physiciens. Alice&Bob a démarré en février 2020. A l'époque, avec mon associé Raphaël Lascanne, nous avions vingt-six et vingt-sept ans, nous étions encore étudiants et nous n'avions pas encore défendu nos thèses de doctorat. Il nous semblait toutefois une évidence qu'il fallait essayer de valoriser les travaux et les atouts que nous avions. Nous avons eu la chance de réussir à embarquer beaucoup de monde dans cette aventure. A la fois les chercheurs qui nous entouraient, mais aussi les institutions et les différents laboratoires, le CNRS, l'INRIA, le CEA, l'ENS de Paris, l'ENS de Lyon et l'École des Mines, avec qui nous continuons de collaborer. Nous avons ensuite réussi à mobiliser des financements, un total de 30 millions d'Euros, ce qui nous a permis de croître rapidement pour aujourd'hui rivaliser avec les géants de la tech. Nous sommes coude à coude avec Google en termes de performance, du moins sur certaines métriques, et notre technologie est reprise par Amazon. C'est pour ça qu'on doit continuer à croître parce qu'en face ce ne sont pas des petits joueurs.

Lors du cocktail de l'innovation du 21 novembre 2023, il a été montré qu'aujourd'hui la performance des algorithmes quantiques s'approche, voire parfois dépasse, celle des supercalculateurs les plus puissants. Pensez-vous que la suprématie quantique sera atteinte avant la fin de la décennie ?

TP : Il faut clarifier quelques points. Le but de l'ordinateur quantique c'est d'offrir une capacité de calcul accrue exponentiellement, mais uniquement pour certains cas d'usage, pour lesquels on sait utiliser les lois exotiques de la mécanique quantique. Aujourd'hui les seuls cas où les machines quantiques ont battu des calculateurs classiques c'est sur des cas tautologiques. C'est-à-dire simuler un système quantique sans intérêt industriel et qui est particulièrement adapté à la machine quantique et particulièrement mal adapté aux machines classiques. Pour atteindre un vrai avantage quantique sur des cas d'usage plus larges à impact industriel, il y a encore un peu de chemin à faire, mais effectivement on s'en approche. Nous pensons qu'il suffirait d'avoir entre 50 et 100 bits quantiques virtuellement sans erreur. Chez Alice&Bob, comme chez d'autres acteurs industriels, nous sommes très confiants sur le fait qu'il s'agit d'une machine que nous serons capables de construire bien avant la fin de la décennie.

Pourriez-vous nous expliquer en quoi la technologie proposée par Alice&Bob, les fameux Qubits, se différencie de vos concurrents ?

TP : Alice&Bob est un acteur du hardware, qui s'occupe de la conception de la machine, jusqu'à son intégration complète. Nous employons la plateforme la plus utilisée au monde, qui sont les circuits supraconducteurs. Il s'agit de circuits imprimés refroidis à très basse température, de l'ordre de 10 milliKelvin, soit dix millièmes de degrés au-dessus du zéro absolu, et qui sont contrôlés par des signaux micro-ondes dans la gamme du GHz, comme le Wifi ou la 5G. La spécificité d'Alice&Bob, par rapport à Google ou IBM par exemple, est de proposer un nouveau type de bit quantique, un nouveau dessin de la puce, qu'on appelle les qubits de chat. Il s'agit de qubits nativement conçus pour la correction d'erreur, avec une boucle de rétroaction, qui leur offre une stabilité accrue. C'est à dire que nous avons un bit quantique qui est légèrement plus compliqué, mais qui est toujours stable, toujours alimenté et qui est conçu pour le calcul. Il s'agit d'un résultat fort que nous avons pu démontrer l'an dernier, à la fois du point de vue expérimental et théorique. Expérimentalement, nous avons montré que nous arrivons à corriger suffisamment bien l'un des deux types d'erreurs dont souffrent les bits quantiques pour pouvoir passer à la suite. Théoriquement, nous avons démontré que, grâce à cette correction d'erreur, câblé en dur dans nos puces, nous avons besoin de 60 fois moins de bits quantiques pour construire une machine à impact. En fait ça veut dire que nous avons réduit la taille de la machine de 98 %, et par conséquence son prix se réduit également. La promesse d'Alice&Bob est donc de fournir un accès direct à des machines à très fort impact.

Quand on mentionne le quantique, on parle souvent de « souveraineté ». Qu'est-ce que cela veut dire exactement et quelles en sont les implications ?

TP : Quand on parle de souveraineté dans le cadre du quantique on aborde en fait deux sujets : une souveraineté économique et une souveraineté stratégique. La souveraineté économique dérive du fait que l'ordinateur quantique c'est un outil qui décuple les capacités des ingénieurs pour relever des défis à travers toutes les industries : de l'automobile, à la finance, en passant par la pharmacie. Il servira aussi bien à combattre le cancer qu'à lutter contre le changement climatique. Il s'agit d'une course qui se passe à l'échelle européenne. Si nous voulons assurer la capacité d'innovation du continent pour les décennies à venir, il est indispensable d'armer nos industriels avec un accès direct à cette technologie, sans menace extraterritoriale, comme nous avons pu le voir par le passé avec nos dépendances sur les technologies comme le Cloud, l'électronique classique ou encore l'accès aux cartes graphiques pour l'IA. Faire en sorte de ne pas perdre le train du quantique est donc très important. Le second aspect de souveraineté est un aspect dual. L'ordinateur quantique intéresse aussi les militaires et ce pour deux raisons : la première c'est que les militaires sont de grands consommateurs d'ingénierie et le second point est que l'ordinateur quantique est aussi une machine à casser les codes et donc ça intéresse particulièrement les services de renseignement d'avoir un accès privilégié à ces machines.

Justement, vous faites partie des pépites mondiales du quantique, tous les regard sont tournés vers vous. Comment vous protégez-vous des yeux indiscrets ?

TP : Nous construisons la machine de rêve de la NSA. Étant donné le niveau d'exposition, nous sommes conscients que ce serait un peu naïf de penser pouvoir se protéger uniquement par le secret.  Par conséquent, au-delà du dépôt des brevets et des autres moyens de défense, nous restons persuadés que la seule vraie protection, dans cette course, c'est notre vélocité. Nous devons continuer à innover plus vite que nos compétiteurs et ça c'est le cœur de notre stratégie. C'est pour cela que nous restons très concentrés sur l'objectif de continuer à attirer les bons talents, mais c'est pour cela aussi que nous continuons à publier et à jouer le jeu du monde académique, pour regarder de l'avant et pousser les frontières. Avec Alice&Bob nous voulons créer un acteur mondial, à ancrage français, qui soit capable, par sa force et par son échelle, de conserver son innovation et sa vélocité.

Est-ce que l'écosystème industriel est prêt à la révolution quantique ?

TP : Le constat, en France comme à l'étranger, c'est qu'il y a un vrai appétit pour les opportunités offertes par le calcul quantique. Tout l'enjeu, pour les acteurs industriels, c'est de bien mesurer le coût de se lancer trop tôt par rapport au coût de se lancer trop tard. La première question qu'il faut se poser par rapport au quantique est : si j'avais une puissance de calcul infinie, à quel point est-ce que ça pourrait changer mon rapport de force dans mon écosystème industriel ? Une valeur ajoutée assez unique à Alice&Bob est d'être capable de mettre des chiffres sur des cas d'usage concrets. Par exemple, à un acteur de l'automobile qui souhaite simuler les batteries du futur, nous savons dire combien de bits quantiques et de quel niveau de performance il aura besoin pour atteindre les résultats attendus. Cela permet aux Comex de ces industriels, d'une part d'évaluer l'impact du quantique sur leur stratégie à cinq ans, et d'autre part de confronter les différentes feuilles de route des acteurs du hardware, pour savoir anticiper correctement le bon moment pour se lancer. Car ceux qui auront su s'emparer en premier de cette technologie bénéficieront d'un avantage compétitif qu'on appelle first mover advantage. Pour certains secteurs, comme l'aérospatial, l'automobile ou l'énergie, mais aussi la chimie, la science des matériaux et la pharmacie, le point de bascule n'est pas très loin.

Alice&Bob a eu recours au dispositif Cifre dès la première année. Quelle a été votre expérience ?

TP : En effet, trois de nos dix premiers employés étaient des doctorants Cifre et nous en avons encore une dizaine en cours. Nous sommes une entreprise particulière, parce que nous sommes un laboratoire de physique privé, à l'instar, tout en restant très humbles, de ce qui furent les Bell Labs. Nous créons de la valeur pour nos actionnaires en faisant avancer les limites de la science, y compris de la science fondamentale. Le travail d'un ingénieur chez Alice&Bob est exactement le même que celui d'un doctorant académique et ça nous semble assez naturel qu'il soit validé par un doctorat. Le dispositif Cifre est à la fois un choix naturel pour nous, mais aussi un outil stratégique. Paradoxalement, le facteur limitant aujourd'hui, dans notre usage du dispositif, ce n'est pas le manque de candidats, ni de sujets, mais le nombre trop faible de superviseurs académiques disponibles pour encadrer les thèses.

Le 17 novembre dernier, lors du colloque de l'ANRT, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de de la Technologie a lancé un plan national pour le doctorat. Est-ce que le doctorat est un critère de recrutement pour Alice & Bob et qu'attendez-vous de cette initiative ?

TP : Chez Alice&Bob, 40% de nos effectifs ont un doctorat. Cela s'explique d'une part par le fait que le type de science qu'on fait chez nous ne s'apprend pas en master, et d'autre part, il s'agit aussi d'une question d'état d'esprit. Le doctorat ne confirme pas uniquement une excellence scientifique, mais aussi une capacité à se retrousser les manches, à se plonger dans des sujets complexes en toute autonomie et à faire preuve de créativité pour faire avancer l'ensemble d'un domaine. Et ça c'est exactement la mission d'Alice&Bob. Par rapport à l'avenir du doctorat, mon souhait ce serait de voir plus de perméabilité entre les carrières académiques et le privé, et ce dans les deux sens. Je crois qu'il y a eu un travail assez remarquable en cette dernière décennie pour encourager la création d'entreprises depuis le monde académique. Ce que j'aimerais voir, dans les dix prochaines années c'est plus de perméabilité pour retourner dans le monde académique à partir du monde privé, afin de continuer à mélanger les points de vue, à s'apporter mutuellement et à augmenter la compatibilité entre ces deux mondes.

Vous êtes membre du conseil d'administration de l'ANRT. Quel rôle doit jouer pour vous l'association dans les prochaines années ?

TP : Je pense que le but de l'ANRT est de continuer à travailler sur deux enjeux : le premier est de continuer à rappeler au gouvernement que la force économique de notre pays demain se construit par l'innovation d'aujourd'hui. Le second est de continuer à motiver les entreprises à se rapprocher du monde académique pour pousser nos industries à rester les plus innovantes au monde.

- EUROPE | Décryptage -

Soutenir la R&D pour des technologies à usages duals

Pierre Bitard, ANRT

Les activités de R&D civile et de défense constituent, pour l'Union Européenne, des domaines distincts. Chaque domaine est financé selon des règles propres, avec des objectifs différents. Comment alors favoriser l'adoption plus rapide des technologies duales ?

En novembre 2023, la présidente von der Leyen a demandé de maximiser le potentiel des technologies duales de l'Union Européenne : « Tandis que nous renforçons notre recherche et développement spécifiques à la défense, nous devrions également mieux intégrer les technologies civiles dans notre base industrielle de défense. Il y a tellement d'innovations vitales dans les applications de défense qui émergent des activités civiles. Il est désormais important de relier les points. »1.  Il s'agit de la conclusion ouverte d'une séquence qui a débuté par la publication du programme cadre de recherche et d'innovation Horizon Europe, et qui a alternativement envisagé la question par le prisme de la R&D civile et par celui de la R&D de défense. La Commission expose les options dans un Livre blanc consacré à la recherche à double usage2.

L'intention est claire : mettre en œuvre la bonne combinaison d'instruments, à l'échelle européenne, pour que les technologies duales soient adoptées plus rapidement dans l'UE, pour les infrastructures européennes, pour les besoins civils ou de défense des gouvernements des États membres, ou à des fins commerciales. Outre que les traductions réglementaires de cette intention sont compliquées, ce projet bute sur un écueil non trivial : la définition de ce qu'est exactement une « R&D impliquant des technologies duales », une « recherche duale », voire des « technologies duales ». Les formulations, qui varient dans les textes, rendent compte de cette difficulté.

Biens duals et R&D

Il y a des activités de R&D menées au profit du secteur de la défense, ainsi qu'en attestent les 90 milliards de dollars que le gouvernement américain y a consacré en 2023. Il y a des activités de R&D civile, menées dans les laboratoires publics et d'entreprises. Ainsi, les 7 premières entreprises classées en fonction de leurs dépenses de R&D investissent environ 200 milliards d'euros par an pour des applications civiles. Les États, quant à eux, s'efforcent de faire jouer les synergies entre les deux types de R&D. Ils entendent donc financer des recherches civiles dont les résultats pourraient avoir des applications militaires, et des recherches militaires dont les résultats pourraient avoir des applications civiles.

Et puis il y a les biens ou à double usages ou duals. Leur définition se trouve dans le règlement sur le contrôle des exportations de biens à double usage3, et intègre des « biens, y compris logiciels et technologies, pouvant être utilisés à des fins civiles et militaires ». A titre d'illustration, la liste comprend notamment : des matières, installations et équipements nucléaires ; du traitement des matériaux ; de l'électronique ; des calculateurs ; des télécommunications et de la sécurité de l'information ; des capteurs et lasers ; de la navigation et de l'aéroélectronique ; de la marine ; de l'aérospatial et des systèmes de propulsion. Ces technologies trouvent leurs usages dans des biens matériels ou logiciels aussi bien civils que militaires. Leur généalogie est moins simple à retracer, les activités de R&D ayant contribué à leur identité pouvant être alternativement civiles pour des applications finalement militaires, et militaires pour des applications civiles. Que l'on pense aux recherches en microélectronique, à celles sur les matériaux avancés, ou celles sur les logiciels de simulation.

Le Livre blanc est donc conduit à distinguer deux types de R&D, en conformité avec leurs bases légales respectives. La « R&D civile avec un potentiel de double usage », relève d'activités de recherche d'Horizon Europe exclusivement orientées vers des applications civiles mais dont les résultats ont un potentiel à double usage. La « R&D de défense à potentiel de double usage », provient de projets collaboratifs financés par le Fonds Européen de Défense exclusivement axés sur des applications militaires mais dont les résultats ont un potentiel civil.

Trois options

Compte tenu de cet entremêlement pratique, et du contexte géopolitique multicrises au sein duquel l'Europe évolue, le Livre blanc explore trois groupes d'options pour améliorer la fertilisation croisée des technologies civiles et de défense dans l'industrie européenne.

La première option s'attache à tirer le meilleur parti du cadre légal actuel (et des ressources disponibles).  Les mesures pourraient s'appuyer en particulier sur le programme de transition de l'EIC, certains volets du programme d'innovation de défense de l'Union (l'EU Defence Innovation Scheme (EUDIS) dans le cadre du FED via des appels spécifiques), le soutien à des entreprises à double usage avec InvestEU, et l'introduction d'une obligation d'exploitation supplémentaire en Europe pour les résultats des actions sur les technologies critiques.

La deuxième option consisterait à ouvrir la possibilité d'aller aussi vers des applications militaires, dans certaines parties du prochain programme-cadre (le 10e). Cela pourrait être mis en œuvre en remplaçant « concentration exclusive » par « concentration », là où les technologies à double usage sont les plus importantes. Dans ce schéma d'évolution, pourraient ainsi être maintenue l'ouverture du programme-cadre aux pays tiers dans des domaines d'intérêt mutuel, tout en autorisant d'éventuelles restrictions dans les certaines parties impliquant des technologies à potentiel de double usage. En bonne articulation, le futur successeur du FED pourrait financer le développement des capacités de défense des résultats des projets civils les plus prometteurs.

La troisième option, la plus disruptive, irait jusqu'à créer un dispositif dédié à la R&D à double usage potentiel, dont il s'agit d'imaginer la forme. Plusieurs possibilités sont étudiées. La conception d'un instrument dédié à la recherche à double usage ; il aurait alors son propre budget, ses propres règles de participation et de diffusion des résultats, sa propre gouvernance, ses propres critères d'évaluation et d'éligibilité, une structure des consortiums originale. Le soutien à l'adoption de technologies duales par le marché européen pourrait être renforcé, par la création une agence exécutive dédiée ou par la commande publique (passée par des utilisateurs finaux opérant dans l'Union). Enfin, des projets phares à double usage pourraient être conçus qui soutiendraient le développement de technologies critiques. S'appuyant sur les résultats des travaux préparatoires au sein de la Commission ou conjointement avec les États membres, ces projets phares bénéficieraient d'un financement coordonné avec le programme dual de la BEI et de la synergie avec les politiques de l'UE pertinentes. L'Union en serait le client premier. Les politiques maritimes, des infrastructures critiques, des systèmes spatiaux nouvelle génération feraient de bons candidats.

​Avec ce Livre blanc, la Commission lance une consultation publique, ouverte aux commentaires jusqu'au 30 avril 20244.  

Références

1. EC, 2023, Keynote speech by President von der Leyen at the EDA Annual Conference 2023: Powering up European Defence, 30 novembre. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/SPEECH_23_6207

2. European Commission, 2024, On options for enhancing support for research and development involving technologies with dual-use potential - Proposal for a council recommendation on enhancing research security, White Paper, 24 janvier
https://research-and-innovation.ec.europa.eu/system/files/2024-01/ec_rtd_white-paper-dual-use-potential.pdf

3. EC, 2021, Règlement 2021/821 du parlement européen et du conseil du 20 mai 2021 instituant un régime de l'Union de contrôle des exportations, du courtage, de l'assistance technique, du transit et des transferts en ce qui concerne les biens à double usage
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32021R0821 ,

4. https://ec.europa.eu/info/law/better-regulation/have-your-say_en.

- EUROPE | Actualités -

Horizon Europe : une stratégie de coopération au-delà des frontières de l’UE

Marie-Pierre Sarrazin, ANRT

Pour la première fois, l'association des pays tiers à Horizon Europe ne s'arrête pas aux frontières de l'Union Européenne. Ainsi, Horizon Europe réaffirme sa stratégie de coopération internationale avec des pays du monde dotés d'une forte capacité de recherche et d'innovation et partageant des valeurs communes aux valeurs européennes pour accéder aux meilleurs viviers mondiaux de talents et stimuler la croissance économique en Europe grâce à l'innovation.
Nouvelle Zélande, Canada, Royaume-Uni, Suisse, il y a du nouveau ! La lettre de l'ANRT vous explique.

L'association est la forme la plus intégrée de la participation d'un État tiers à Horizon Europe. Par la signature d'un accord d'association à Horizon Europe, les entités des États tiers associés peuvent bénéficier des mêmes conditions d'accès et de financement qu'une entité d'un État membre. L'association peut être entière ou partielle selon les parties précisées dans l'accord. Les États tiers associés contribuent financièrement au budget du programme selon un montant négocié. En cas de déséquilibre significatif entre la contribution financière au programme et la contribution qu'il récupère, un mécanisme de correction automatique de contribution est prévu. Les États associés s'engagent en outre à la réciprocité en termes d'accès à leurs programmes nationaux.

Il existe néanmoins une différence au niveau de l'évaluation de l'éligibilité d'un consortium comme précisé à l'article 22 alinéa 2 du Règlement (UE) 2021/695 du Parlement européen et du Conseil du 28 avril 2021 portant établissement du programme-cadre pour la recherche et l'innovation  Horizon Europe. Pour être éligible, un consortium doit, sauf mention contraire, comprendre au moins trois entités juridiques indépendantes de trois États membres ou États associés différents dont au moins une appartenant à un État.

La liste des États Tiers ayant conclu un accord d'association avec la Commission Européenne est disponible ici.

L'année 2023 a été marquée par plusieurs aboutissements attendus.

La Nouvelle Zélande 
Le 9 juillet 2023, a eu lieu la signature du premier accord d'association avec un État tiers non limitrophe à l'Union Européenne, la Nouvelle Zélande. Cet accord d'association a également la particularité d'être limité au Pilier II du Programme Horizon Europe c'est-à-dire au financement de la recherche collaborative thématique pour répondre aux grands défis globaux sociétaux et de compétitivité industrielle au sein de l'Europe. Cet accord entre en vigueur à compter du Programme de travail 2023.

Le Canada
La fin d'année 2023 a aussi vu la conclusion des négociations entre le Canada et la Commission Européenne. La signature de l'accord d'association devrait avoir lieu en 2024 après obtention des validations nécessaires chez chacune des parties dont l'approbation par le Conseil de l'Union Européenne. Comme pour la Nouvelle Zélande cette association ne concernera que le Pilier II du Programme Horizon Europe.
Dans l'attente de la signature de cet accord d'association, dès 2024, des dispositions transitoires sont applicables aux entités canadiennes. Par celles-ci, elles bénéficient des mêmes conditions de participation et de financement dans le cadre du Pilier II que celles des entités des États associés sous réserve de la signature de l'accord d'association avant la signature de la convention de subvention.

Le Royaume-Uni 
Depuis le Brexit, le Royaume-Uni était considéré comme un État tiers à l'Union Européenne et ses entités ne pouvaient donc recevoir de financement dans le cadre de leur participation à Horizon Europe. Des mesures ont été mises en place au niveau étatique pour couvrir financièrement la participation d'une entité britannique.
Le 4 décembre 2023 a été adopté formellement l'accord politique du 7 septembre qui finalise la procédure attendue d'association du Royaume-Uni à Horizon Europe. Cette association concerne le Programme Horizon Europe (hormis le dispositif equity de l'EIC ) et la composante Copernicus du Programme spatial mais uniquement à partir des appels à projets 2024. Cela ne concerne donc pas les projets financés par les budgets antérieurs à 2024 y compris si les conventions de subvention sont signées après le 1er janvier 2024. Dans cette hypothèse, s'appliqueront les dispositifs étatiques compensatoires mis en place jusqu'alors. N'est pas non plus inclus dans cet accord l'accès aux financements du Programme complémentaire de l'Euratom.

La Suisse
Le 15 décembre 2023, la Commission a annoncé la conclusion d'un accord commun avec la Suisse ouvrant la voie à l'association de la Suisse à Horizon Europe qui pourrait aboutir en 2024 dans le cadre d'un accord plus global. Cette étape était attendue compte tenu des discussions en cours depuis plusieurs mois. Plus étonnante en revanche a été l'annonce de la mise en place de mesures transitoires dès 2024 pour la participation des entités Suisses à l'instrument ERC Advanced Grant avant l'approbation des négociations officielles. Il est prévu que ces mesures transitoires soient élargies à l'intégralité du Programme Horizon Europe et Euratom dès 2025 sous réserve de l'approbation d'un accord d'association d'ici là.

Enfin, à noter que :
- Un mécanisme de dispositions transitoires est applicable aux entités marocaines et couvrent cette fois l'intégralité du Programme Horizon Europe depuis son démarrage sous réserve de signature de l'accord d'association avant la signature de la Convention de Subvention
- Des discussions sont également en cours avec le Japon et de la Corée du Sud

Conditions d'éligibilité, de participation, de financement et modalités de dépôt dans Horizon Europe, pour aller plus loin, formez-vous avec l'ANRT !
-    Découvrir Horizon Europe – Les fondamentaux
-    Découvrir Horizon Europe : du montage à la gestion d'un projet – Atelier Pratique

Contact | formation@anrt.asso.fr

- EUROPE | Actualités -

Conseil Européen de l’Innovation 2024 : 1,2 milliards d'€ pour financer l’innovation de rupture !

Raffaella Canu, ANRT

Les nouvelles règles du jeu ainsi que les nouvelles modalités de participation et d'évaluation pour l'EIC en 2024 ont  été dévoilées le 12 décembre dernier : un moment très attendu en Europe en raison de l'importance stratégique que revêt l'EIC pour les innovateurs européens qu'ils soient publics ou privés. Rappelons que l'EIC est unique au monde en proposant un continuum de financement qui va de la recherche sur des technologies émergentes à l'accélération des start-ups. Voici un tour d'horizon des nouveautés 2024 pour les trois instruments phares de ce programme : l'EIC Pathfinder, l'EIC transition et l'EIC Accélérateur.

 L'EIC, programme stratégique pour l'Europe 

Au cours de la prochaine décennie, des pans entiers de l'économie seront à réinventer. De nombreuses opportunités pour l'innovation de rupture vont apparaître. L'Europe, au travers le programme EIC réaffirme son ambition de retrouver toutes ses lettres de noblesse en matière d'innovation. Pour cela, elle mise sur le soutien à des ruptures technologiques deep-tech permettant à terme de disrupter le marché.

Le programme de travail 2024 maintient la double approche de soutien à la fois à des projets « bottom-up » mais aussi à des projets « top-down » . En effet, si l'Europe veut retrouver son « leadership », il est important qu'elle soutienne des projets « blancs » où la sérendipité de la recherche peut s'exprimer librement sur des thématiques inconnues ou émergentes. En parallèle, le soutien ciblé à des thématiques radicales ou disruptives qui revêtent une importance stratégique pour le continent est primordial. Ce principe reste valable pour le Pathfinder et l'Accélérateur.

En revanche, aucun appel EIC Transition Challenges n'est prévu en 2024. L'une des raisons de cette suppression est une diminution budgétaire globale d'environ 400 M€ liée à la fin du plan de relance européen (Next Generation EU).
De plus, toutes les subventions EIC seront désormais sous le régime de financement dit de lump-sum (sauf pour l'EIC Pathfinder Open). Il s'agit d'un mode de versement de la subvention sur la base de sommes forfaitaires déterminées au moment du montage du projet et fixées dans la convention. Cela permet de simplifier les rapports financiers pour les bénéficiaires quant à la réalisation des activités du projet. Toutefois, maîtriser cette nouvelle façon de se faire financer est recommandée pour ne pas se faire surprendre sur ce dont l'entreprise bénéficiera en fin de compte.
En plus de ces trois modifications d'ordre générale, chacun des 3 instruments de financement de l'EIC (Pathfinder, Transition, Accelerator) introduit ses propres nouveautés.

EIC Pathfinder : fin du droit de réponse, nouvelles règles de propriété intellectuelle, défis 2024

Le premier grand changement concerne le processus d'évaluation : la phase de rebuttal*, outil pilote qui permettait aux déposants de répondre aux évaluations pour éclaircir d'éventuelles incompréhensions sans altérer le contenu du projet, n'est plus prévue dans le processus d'évaluation.

La deuxième nouveauté porte sur l'évolution des règles de propriété intellectuelle comportant l'octroi de droits d'accès aux "EIC Inventor". Conformément aux recommandations de l'EIC Advisory Board, ces dispositions ont été révisées afin de minimiser les conflits avec les dispositions institutionnelles et locales en matière de PI.

A noter que pour l'EIC Pathfinder Open doté d'un budget de 136 M€, le train d'évaluation sera clos le 7 mars prochain. Le nombre de pages autorisées pour le dossier de candidature passe de 17 à 20 pages. L'EIC Pathfinder Challenges se voit quant à lui doté d'un budget de 120ME. L'appel ne sera ouvert que le 20 juin prochain et sera clos le 16 octobre 2024.

Bon à savoir ! Pour soutenir le principe de gestion en portefeuille, qui amène les lauréats de l'EIC Pathfinder à travailler avec les gestionnaires de programme sur une feuille de route commune pour le défi considéré, il faudra désormais prévoir dans le projet, un workpackage dédié aux activités en portefeuille.

Voici les 5 défis pour 2024 :
1 - "Solar-to-X" devices
2 - Towards cement and concrete as a carbon sink
3 - Nature inspired alternatives for food packaging and films
4 - Nanoelectronics for energy-efficient smart edge devices
5 - Protecting EU space infrastructure

EIC Transition : des conditions d'éligibilité plus ouvertes

Avec un budget total de 94 M€, cet appel sera clos le 18 septembre 2024 et comme déjà évoqué, il ne proposera que des appels Open en 2024. L'objectif d'un EIC-transition est de permettre aux porteurs de projets de
1- Maturer et valider une nouvelle technologie
2- Évaluer le potentiel commercial de cette nouvelle technologie

L'une des particularités de l'EIC-transition est qu'il ne valorise que des résultats de recherche déjà obtenus dans le cadre de financements européens. La nouveauté 2024 est que de nouveaux appels sont désormais éligibles pour l'EIC Transition. Il s'agit des piliers "Societal challenges" et "Industrial Leadership in Industrial Technologies" d'Horizon 2020 et du pilier 2 sous Horizon Europe, respectant le niveau de TRL (3-4).

EIC Accelerator : des nouvelles modalités de candidature pour l'accélération des start-ups

Le budget est de 375 M€ pour l'EIC Accelerator Open et de 300 M€ pour l'EIC Accelerator Challenge.
Plusieurs changements interviennent sur les étapes de candidature et d'évaluation. Le dépôt d'une short proposal peut se faire à tout moment sur le Funding&Tenders Portal de la Commission Européenne et non plus sur la plateforme propre de l'EIC. Pour la full proposal, les deux dates limites en 2024 sont le 13 mars et le 3 octobre. Les re-soumissions sont limitées à 3 essais pour une même entité juridique.

L'évaluation des propositions devient également plus stricte : pour être admis au dépôt d'une full proposal, il faudra désormais obtenir trois retours positifs dénommés "Go" sur quatre, contre deux précédemment.

La full proposal doit désormais être accompagnée d'une vidéo de trois minutes (la même que pour le short proposal ou une nouvelle). Si, sur les trois évaluateurs, deux donnent un « Go » et le troisième un « No Go », alors l'EIC organisera une réunion de consensus.
Une nouveauté qui réveille le passé, est le retour aux interviews en présentiel à Bruxelles. Le jury aura accès aux résultats de l'évaluation de la full proposal, mais n'aura pas accès à la short proposal. Par ailleurs, les membres de l'EIC-Jury pourront émettre des recommandations d'investissement mais ne pourront plus imposer le changement de l'option de financement.  Enfin, en cas de rejet à cette étape, les candidats recevront une lettre de refus et, sous conditions d'éligibilité, pourront recevoir un Seal of Excellence (SoE).

Voici les six défis pour 2024 :
1- Human centric generative AI
2 - Virtual worlds and augmented interaction
3 - Smart edge and quantum technology components
4 - Food from precision fermentation and algae
5 - Monoclonal antibody-based therapy for viruses
6 -Renewable energy sources

L'EIC 2024 promet une approche plus flexible et stimulante pour ceux qui souhaitent contribuer à façonner l'avenir de l'innovation en Europe.

 Pour aller plus loin : Formations dispensées par l'ANRT

- Tout savoir sur l'EIC, 19 mars 2024

- Comprendre le financement les lump sum, 7 mars 2024

- Maîtriser le financement les lump sum,  Atelier pratique  15 mars 2024

Références

-*Droit de réponse
- European Innovation Council (EIC) Work Programme 2024; established by the European Commission, under the Horizon Europe programme (2021-27) C(2023) 8849 - 12.12.2023
EIC Board Statement, Revision of the EIC IP Provisions, 26.04.2023 


- Focus -

Résultats de l'enquête Cifre annuelle

Valérie Sibille, ANRT

L'ANRT vient de publier sur son site les résultats des deux dernières enquêtes menées auprès des bénéficiaires de Cifre. Ces enquêtes ont pour objectifs de recueillir les avis des doctorants et de leurs encadrants en fin de Cifre  d'une part, et de suivre la trajectoire professionnelle des anciens doctorants Cifre un an et cinq ans après la fin de leur Cifre  d'autre part. Elles portent sur des Cifre qui se sont achevées en 2022 pour la première enquête et des Cifre terminées en 2020 (« enquête N+1 ») ou 2016 (« enquête N+5 ») pour la seconde.

Des bénéficiaires toujours très satisfaits du dispositif Cifre
Lorsqu'ils sont interrogés en fin de Cifre, les bénéficiaires continuent à exprimer leur satisfaction vis-à-vis du dispositif, à la hauteur de 97% pour les encadrants académiques et chez l'employeur. Autre signe d'intérêt, le taux important d'employeurs ayant pour projet de renouveler l'expérience Cifre à court terme : 85% d'entre eux envisagent une autre Cifre à une échéance inférieure à 2 ans, 95% dans les 5 prochaines années. Les directeurs de thèse comme les encadrants en entreprise considèrent que le dispositif Cifre a répondu à leurs attentes et a abouti à des collaborations fructueuses. Du côté doctorants, 94% ont apprécié leur 3 années de Cifre et 95% conseillent cette formation doctorale. Après la Cifre, ils sont plus de 87% à déclarer que la Cifre a été un bon tremplin pour leur insertion professionnelle et sont plus de 90% à manifester leur satisfaction pour le poste qu'ils occupent.

L'environnement de travail des doctorants continue à s'améliorer

Le taux de doctorants bénéficiant d'un comité de suivi de thèse atteint 93%, en hausse par rapport à l'enquête précédente.
Une large majorité des doctorants en fin de Cifre (91%) considère leurs relations avec leurs encadrants bonnes voire excellentes. La proportion de doctorants ressentant un conflit entre l'encadrement académique et l'employeur est en recul de 3 points (36%) par rapport à l'enquête précédente et est le plus bas enregistré depuis l'enquête de 2016. Est-ce lié à la fréquence des échanges entre partenaires qui progresse ? A noter cependant que le taux de doctorants faisant mention de réunions occasionnelles entre laboratoire et employeur ne s'améliore pas et stagne à 11%, majoritairement dans le domaine des SHS. Les doctorants en droit sont les plus concernés puisque 50% d'entre eux déclarent n'avoir jamais bénéficié de telles réunions.

Les compétences des doctorants Cifre mises en valeur par leurs employeurs

En 2022, les encadrants en entreprise ont particulièrement souligné les aptitudes des doctorants, en élevant le score de toutes celles proposées dans le questionnaire. En particulier, les taux de réponse obtenus sur les compétences « capacité à travailler en équipe » et « capacité à changer d'approche selon les résultats et à travailler en milieu incertain » progressent respectivement de 4 et 5 points par rapport à l'enquête 2021. « L'acquisition de savoirs scientifiques », leur « capacité à construire un raisonnement, une problématique complexe » et leur « capacité à argumenter, à être synthétique » restent les premières aptitudes citées, pour plus de 69% des encadrants en entreprises comme au laboratoire.

Des doctorants confiants dans leur avenir, des niveaux d'insertion professionnelle en hausse malgré des Cifre touchées par la pandémie de 2020
A l'instar de l'enquête précédente, la crise sanitaire a impacté les travaux de recherche des Cifre qui se sont terminées en 2022 : même si le taux de soutenance annoncé par les doctorants interrogés reste élevé (98,6%), le pourcentage de soutenance ayant déjà eu lieu en fin de Cifre est en baisse de 4 points. De même, certaines actions de valorisation de la recherche telles que la participation à des colloques au travers de communications ou de posters ne sont pas revenues au niveau des enquêtes antérieures à 2021.
Malgré ces difficultés, les doctorants en fin de Cifre sont confiants sur leur avenir professionnel puisque 91% d'entre eux déclarent que la Cifre constitue un bon tremplin pour leur carrière. Le niveau d'insertion professionnelle en fin de Cifre (57%) progresse aussi de 4 points pour rejoindre les plus forts taux observés lors des enquêtes 2017 et 2018. Ce sont les grandes entreprises et dans une moindre mesure les ETI partenaires de la Cifre qui contribuent à cette croissance. Les PME restent néanmoins les premières à employer les doctorants en fin de Cifre avec un taux d'embauche de 24%.
Après la Cifre, les PME continuent à jouer un rôle important dans le recrutement des anciens doctorants Cifre en tout début de carrière. En effet, elles sont à l'origine de 52% des embauches dans l'année qui suit la fin de Cifre (enquête N+1), dépassant ainsi les grandes entreprises pour la 2ème enquête consécutive.

Situation des doctorants et anciens doctorants en fin de Cifre
puis après un an (« enquêtes N+1 ») et cinq ans (« Enquêtes N+5)

Un an après la Cifre, 75% des jeunes docteurs qui ont répondu à l'enquête poursuivent leur carrière dans le privé pour y exercer principalement des activités de R&D. Ce pourcentage est en augmentation de 6 points par rapport à l'enquête de 2021 tandis que le pourcentage de recrutement dans le secteur public reste stable (20%). Le taux de demandeurs d'emploi qui en résulte est au niveau le plus bas (3,3%) depuis l'enquête 2016. Ce constat est d'autant plus remarquable qu'il concerne des anciens doctorants ayant terminé leur Cifre l'année de la pandémie. Ces résultats sont consolidés 5 ans après la Cifre.
L'augmentation des rémunérations observée en 2021 se poursuit pour les doctorants interrogés en fin de Cifre. En revanche, les salaires médians annoncés un an et cinq ans après la Cifre n'évoluent pas depuis l'enquête de 2020.

Progression de l'entrepreneuriat
A la fin de la Cifre, 5% des doctorants ont déjà créé leur entreprise. Après la Cifre, l'attraction de l'entrepreneuriat s'accentue : la proportion de créateurs d'entreprise augmente d'un point par rapport à 2021 pour atteindre 11% (enquête N+1) et 13% (enquête N+5). Il s'agit des taux les plus élevés jamais obtenus depuis 2016. Pour chacune des populations, les activités de leur entreprise sont majoritairement en relation avec leurs travaux de thèse ou leur formation antérieure.


  11000 regards croisés doctorants-entreprises-laboratoires. Evaluation du dispositif Cifre au travers des perceptions de l'employeur, du laboratoire et du doctorant. Enquête fin de Cifre 2022
  2 Enquête 2022 sur le devenir des anciens doctorants Cifre. Situation de fin de Cifre en 2016 et en 2020.

- Point de vue -

Renforcer la sécurité de la recherche en Europe

Pierre Bitard, ANRT

Plus ouverte et plus internationalisée que d'autres activités, la recherche est aussi plus vulnérable. Dans un environnement géopolitique tendu et complexe, la sécurité de la recherche mérite une attention spécifique. Un projet de règlementation en cours entend améliorer la sécurité tout en préservant l'ouverture scientifique.

 

Il est un consensus solidement établi à l'échelle de l'UE : si la recherche et de l'innovation revêtent  une importance cruciale, y compris pour leurs contributions au développement de technologies duales, la collaboration scientifique internationale leur est indispensable. Le progrès des sciences et des technologies s'inscrit dans de riches et dynamiques réseaux de relations à l'échelle du globe. Comment maîtriser le risque de fuites de recherches ou de technologies sensibles au profit d'acteurs malveillants tout en maintenant ouvert le potentiel de collaboration scientifique ?

C'est la tâche à laquelle s'est attelée la Commission en formulant cette proposition de règlement au Conseil1, qui fait suite à de multiples travaux réalisés au cours des trois dernières années (dont « Tackling R&I foreign interference »2 qui a fait l'objet d'un article dans la Lettre). Pour ce faire, un passage obligé est la définition de la « sécurité de la recherche ». Elle est appréhendée comme la gestion des risques inhérents aux collaborations de recherche internationales. Ainsi, sont « risqués » : le transfert indésirable de connaissances, de savoir-faire et de technologies critiques susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l'UE et de ses États membres ; une influence malveillante sur la recherche (liberté académique et intégrité de la recherche) ; les violations de l'éthique ou de l'intégrité, lorsque les connaissances et les technologies sont utilisées pour supprimer ou saper des valeurs fondamentales.  

Dans le respect des principes de liberté académique et d'une recherche aussi ouverte que possible, aussi fermée que nécessaire

Le projet de règlement affirme les principes régissant « une internationalisation responsable » de la recherche. Ils rappellent ainsi l'importance pour les Etats membres de continuer à promouvoir et à défendre la liberté académique et l'autonomie institutionnelle ; et c'est aux établissements d'ESR qu'incombe la responsabilité de la coopération internationale de recherche. De même, continuer à promouvoir et encourager une coopération internationale ouverte et sûre en matière de recherche et d'innovation avec des partenaires de pays tiers est essentiel. Principe clé qui s'incarne dans les règles d'action d'une « recherche aussi ouverte que possible, aussi fermée que nécessaire » et d'une garantie de respect de FAIR (les résultats de la recherche doivent être trouvables et accessibles, interopérables et réutilisables ). Ceci en tenant compte des contraintes de sécurité.

A la main des établissements de l'ESR

Renforcer la sécurité de la recherche implique donc des actions à l'égard des communautés concernées et susceptibles d'avoir une influence sur elle. Ainsi, les 35 recommandations concernent l'Union Européenne, les Etats membres, et les organisations de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Sont ici mises en exergue trois mesures pratiques importantes destinées aux organisations de l'ESR pour leur politique de sécurité de la recherche.
- Mettre en œuvre des procédures internes de gestion des risques de manière structurelle, notamment par l'évaluation des risques, la diligence raisonnable auprès des partenaires potentiels et la transmission aux niveaux supérieurs de prise de décision interne en cas d'éléments qui suscitent des inquiétudes (« drapeaux rouges »), tout en évitant une charge administrative inutile ;
- Investir dans une expertise et des compétences internes dédiées à la sécurité de la recherche, attribuer des responsabilités en matière de sécurité de la recherche aux niveaux organisationnels appropriés, investir dans la cyber-hygiène et dans la création d'une culture dans laquelle l'ouverture et la sécurité sont en équilibre ;
- Introduire un compartimentage, à la fois physique et virtuel, garantissant que pour les domaines tels que les laboratoires et les infrastructures de recherche, les données et les systèmes particulièrement sensibles, l'accès soit accordé sur la base du strict besoin d'en connaître et, pour les systèmes en ligne, des dispositions robustes en matière de cybersécurité sont en place;

Quant à cette dernière mesure, rappelons que la loi française dispose, dans le cadre de la protection du potentiel scientifique et technique national, du régime de zone à régime restrictif (ZRR). Cette zone à accès réglementé est créée à la demande de l'établissement (ou de sa tutelle), via un échange avec  les services du Haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS), et nécessite la validation du ministre de tutelle du ministère concerné.

Références

1. European Commission, 2024, Proposal for a Council Recommendation on enhancing research security 24 janvier, https://www.consilium.europa.eu/media/67627/20241027-european-council-conclusions.pdf

2. European Commission, 2022, Directorate-General for Research and Innovation, Tackling R&I foreign interference – Staff working document, Publications Office of the European Union, 2022 ; cf. article “Ingérence étrangère dans les partenariats de RDI”, Lettre n° 25)

- L'invité -

Où en est la révolution quantique ?

Pauline Normand, Responsable de la Communication Innovation au CNRS

Née au début du XXe siècle, la physique quantique nous a apporté de nombreuses innovations, comme le transistor ou le laser. Ses retombées connaissent une forte accélération ces dernières années, entraînant une course mondiale vers l'avantage quantique. Mais qu'en est-il en France ?

Cet article a été publié sur le site du CNRS le 25 janvier dernier


Le développement des technologies quantiques, et en particulier celles liées à l'informatique, s'est accompagné de promesses d'un véritable bond scientifique et sociétal. Il n'est cependant pas toujours facile de s'y retrouver, tant les annonces s'enchaînent dans ce domaine si pointu. Le CNRS et l'Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT) ont coorganisé, le 21 novembre 2023, un cocktail Innovation offrant un état des lieux sur le thème « Révolution quantique - Horizons et réalités derrière le buzz ».

« La communauté scientifique n'est pas unanime sur le degré de maturité de l'informatique quantique et autres technologies associées », affirme Clarisse Angelier, déléguée générale de l'ANRT. L'avantage quantique, c'est-à-dire le moment où les ordinateurs quantiques résoudront en quelques fractions de seconde des problèmes réclamant des centaines d'années, voire bien davantage, à des machines classiques, sera sans doute atteint un jour. Il reste cependant difficile d'estimer quand cela arrivera.

En attendant, la physique quantique a déjà abouti à des révolutions technologiques. Elle a en effet profondément bouleversé le XXe siècle, avec des avancées telles que le transistor, le laser, la diode, les horloges atomiques ou encore le GPS. Au XXIe siècle, ces technologies se concentrent beaucoup autour de l'informatique quantique. L'idée est d'employer, au lieu des bits binaires ne pouvant avoir comme valeur que 0 ou 1, des qubits capables de combiner plusieurs valeurs et états en même temps.

« Si l'on prend l'image de la Terre, le monde classique ne décrirait que la position du pôle sud, 0, et celle du pôle nord, 1, explique Pascale Senellart, directrice de recherche CNRS au Centre de nanosciences et de nanotechnologies (C2N, CNRS/Univ Paris-Saclay), membre du Conseil présidentiel de la science, co-fondatrice et conseillère scientifique de la startup Quandela. Le monde quantique, lui, donne accès à toutes les informations présentes à la surface du globe. »

La physique quantique comprend en effet des phénomènes complexes et fascinants, qui n'ont parfois aucun équivalent dans notre monde. Dans l'intrication quantique, par exemple, deux particules ou groupes de particules sont liés et chacune voit ses propriétés quantiques dépendre de celles de l'autre. Ce phénomène, qui ne serait pas si surprenant pour des particules mises en contact, a lieu quelle que soit la distance entre elles. Cependant, mesurer la valeur de ces états quantiques détruit cette intrication. Ces propriétés contre-intuitives nourrissent les avancées permises par la physique quantique.

« Nous sommes tous d'accord pour dire qu'une révolution technologique est en marche », poursuit Pascale Senellart. Elle cite d'abord les simulations quantiques des années 80, utilisées pour le développement de matériaux et de médicaments, et l'algorithme de Shor, montrant un exemple possible d'avantage quantique découvert en 1994 pour la factorisation des grands nombres en leurs facteurs premiers. Plus récemment en 2017, les premières communications quantiques à longue distance ont été réussies en Chine, et Google a annoncé, en 2019, un premier cas concret de calcul effectué par un ordinateur quantique qui n'aurait pas été réalisable sur des machines classiques.

En France, l'écosystème du quantique est organisé autour de forts liens entre des établissements publics de recherche et des startups, souvent fondées par des chercheurs et docteurs issus de ces laboratoires. Une vingtaine de startups et une cinquantaine de brevets sont ainsi sortis de laboratoires sous tutelle du CNRS, ce qui permet de multiplier les approches vers l'avantage quantique. Quandela se concentre par exemple sur les qubits à base de photons, Alice & Bob sur les supraconducteurs, C12 et Quobly respectivement sur le spin de nanotubes de carbone et de semiconducteurs, etc.

« Une recherche de qualité crée un terreau fertile pour l'innovation de rupture, avance Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l'innovation du CNRS. Le CNRS possède une expertise mondialement reconnue, comme l'atteste le prix Nobel de physique 2022 remis à Alain Aspect pour ses travaux sur l'intrication quantique. On a la chance d'avoir un secteur scientifique fort, ainsi que l'œil attentif du gouvernement, qui a investi plus d'un milliard d'euros dans le cadre de sa stratégie nationale d'accélération pour les technologies quantiques. »

Cette stratégie, inscrite au sein de France 2030, implique notamment le Programme et équipements prioritaires de recherche (PEPR) Quantique, piloté par le CNRS, le CEA et Inria. De nombreux défis demandent en effet à être relevés. Le développement des technologies quantiques repose sur plusieurs chaînes de valeurs, c'est-à-dire des suites d'éléments essentiels, en particulier techniques. Leurs maillons sont des composants et des techniques issus de filières comme la photonique, le silicium ou les atomes froids. Or ces éléments ne sont pas tous fabriqués, voire disponibles, en France. Assurer leur approvisionnement représente un véritable enjeu de souveraineté nationale.

Les bonnes métriques doivent également être identifiées. Connaître le nombre de qubits ne suffit pas à comparer deux ordinateurs quantiques, car il faut par exemple savoir combien de qubits parviennent à fonctionner ensemble sur un même calcul. Sur ce point, Welinq travaille sur les communications quantiques entre ordinateurs quantiques afin de mettre leur puissance en parallèle. La capacité de ces systèmes à corriger leurs propres erreurs est aussi cruciale. Ces questions anticipent également le moment où ces machines dépasseront le millier de qubits, ainsi que les passages à l'échelle qui seront nécessaires pour une utilisation industrielle des technologies quantiques.

L'informatique quantique a en effet été longtemps cantonnée à des simulations, car les véritables ordinateurs quantiques ne datent que de seulement quelques années et disposent d'un nombre aujourd'hui limité de qubits. Les formations universitaires dédiées aux techniques actuelles restent donc récentes, avec encore peu d'étudiants formés du master au doctorat dans cette spécialité. Beaucoup de thèses CIFRE ont été financées afin de combler l'énorme écart entre offre et demande, d'autant que les besoins en informaticiens quantiques sont appelés à exploser dans les prochaines années, comme cela s'est produit avec la révolution de l'intelligence artificielle. Diverses entreprises, dont EDF, Air Liquide ou Thalès, s'attachent déjà à former et attirer les meilleurs profils.

Les technologies quantiques vont en effet bouleverser de très nombreux domaines, au-delà du seul calcul haute performance : simulation, conception de nouveaux matériaux et médicaments, télécommunications, cryptographie, imagerie médicale, IA, capteurs extrêmement précis, systèmes de navigation inertielle, etc.

Enfin, l'avantage quantique implique que les protocoles actuels de cybersécurité et de cryptographie sont voués à devenir caducs. Ils sont en effet basés sur des problèmes mathématiques spécifiquement choisis pour la difficulté qu'ont les ordinateurs classiques à les résoudre. Or les ordinateurs quantiques pourront briser ces protections grâce à l'algorithme de Shor, et ce à relativement court terme.

Toutes ces problématiques rassemblées forment d'énormes enjeux de souveraineté économique et stratégique. La France, grâce aux liens forts entre ses tissus académique et industriel dans le domaine du quantique, investit efficacement pour relever ce défi crucial.

« Nous avons la chance d'avoir, en France, des industriels bien établis sur des technologies classiques, en support des technologies quantiques, se réjouit Neil Abroug, coordinateur national de la stratégie quantique auprès du Secrétariat général pour les programmes d'investissement (SGPI). Les nouvelles start-up viennent compléter ces chaînes de valeur. L'État intervient de son côté en soutenant la recherche fondamentale et technologique. Nous avons ainsi inauguré un programme avec vingt et un établissements d'enseignement supérieur, qui se sont positionnés pour répondre aux besoins de formation, de la licence à la thèse. Enfin, l'État veille à la sécurisation des chaînes de valeur. »

Pour en savoir plus sur l'expertise quantique du CNRS : https://www.youtube.com/watch?v=7EP8Ol11DZg
Pour en savoir plus sur le PEPR d'accélération Technologies quantiques :
https://www.cnrs.fr/fr/pepr/pepr-dacceleration-technologies-quantiques

- Agenda -


Questions Réponses sur le dispositif Cifre | Etudiants
01/03/2024 - 14:00 - 15:00

Petit-déjeuner | Jean-Claude Ercolanelli, SVP, Simulation and Test Solutions, Siemens Digital Industries Software ; CEO SISW NV
05/03/2024 - 08:30 - 10:00

Colloque | Recherche partenariale au service de la performance sportive
14/03/2024 - 13:00 - 18:30

Webinaire de présentation du dispositif Cifre | Etudiants
14/03/2024 - 14:00 - 15:00

Questions-Réponses sur le dispositif Cifre | Employeurs & institutionnels
22/03/2024 - 14:00 - 15:00

Questions réponses sur le dispositif Cifre | Etudiants
29/03/2024 - 14:00 - 15:00

ReSCI | Image du travail - représentations, gestes professionnels, mémoire et identités
jeu 04/04/2024 - 15:00 - 19:00

Questions réponses sur le dispositif Cifre | Employeurs et institutionnels
19/04/2024 - 14:00 - 15:00

Petit déjeuner Jamila El Alami, directrice du CNRST (Maroc)
25/04/2024 - 08:30 - 10:00

Webinaire sur le dispositf Cifre | Employeurs et institutionnels
25/04/2024 - 11:00 - 12:00

Questions réponses sur le dispositif Cifre | Etudiants
26/04/2024 - 14:00 -15:00







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